9 personnes ont participé à la visite : Claudette, Jean-René, Patrice, Anne, Stéphane, Nathalie, Etienne, Eléonore, Cécile Empêchés : Colette, François-Xavier, Gérard, Klara.
Pour commencer, visite de l’épicerie.
Les produits, très bien présentés, sont super tentants. Fruits et légumes, viandes, fromages, lait au détail, pizza, fougasses, farines, céréales, miels, jus de pommes, confi- tures, tisanes, tricots... Chacun-e de nous fait
quelques achats. Impossible de résister !
Nous sommes ensuite accueillis par Bastien Moisan, producteur, initiateur du projet et président
de l’association des Producteurs. Il nous raconte la genèse du projet de façon directe, ses succès, sans occulter les difficultés....
L’historique du projet (voir aussi www.goasven.fr )
Contexte : un projet de supermarché géant à Daoulas contrariait la moitié de la population locale. Bastien repère une ferme en vente depuis deux ans, en bordure de route. Occasion de passer de « contre le projet commercial » à « pour une initiative locale ». Il fait partie d’un réseau de producteurs impliqués depuis dix ans dans la foire bio locale. Après un rapide sondage, il signe les compromis de vente (ferme + parking), en son nom propre pour aller vite (nov. 2012) avec une « clause de substitution ». Précaution pour donner au réseau le temps de monter une SCI qui deviendra propriétaire (AG constitutive en déc. 2012). Temps aussi pour récolter des fonds. En quelques mois, réunions pu- bliques etc. le projet recueille 95.000 € de la part de 207 contributeurs (100 € la part). En mars 2013, signature de la vente (100.000 € pour la ferme et le terrain voisin qui deviendra le parking + frais notaire + travaux = total 145.000 €). Parmi les souscripteurs, les compétences sont multiples. Ce qui facilitera grandement le montage du projet. Le 1er mai 2013, l’épicerie ouvre ses portes !
L’objectif
L’objectif du lieu est d’offrir aux producteurs locaux - bio ou tendant vers le bio, un espace de vente directe dans l’esprit de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS).
L’organisation juridique
Trois entités juridiques distinctes structurent le projet :
- Une SCI, propriétaire des biens et responsable de la gestion immobilière. Présidée par trois co-gérants, représentant trois collèges : les gros porteurs de parts, les petits porteurs, et les producteurs. Fonctionnement démocratique : 1 personne = 1 voix, quel que soit le nombre de parts.
- L’association des producteurs (une vingtaine).
Deux options possibles :- producteur adhérent : reverse 15% de son CA à
l’association et assure des permanences à l’épicerie au prorata de ses recettes. - producteur en dépôt-vente : reverse 30% de son CA et n’a pas de permanences à faire.
- producteur adhérent : reverse 15% de son CA à
- L’association des consom’acteurs, au service de l’asso des producteurs.
Les deux associations sont locataires de la SCI, ce qui permet de rembourser le prêt bancaire (50.000 €).
Le café associatif est tenu par l’association des consom’acteurs.
Les difficultés et les solutions
- Pas facile pour les producteurs adhérents (très majoritaires) de dégager du temps pour assu- rer les permanences, surtout pendant les pics de travail dans leurs fermes. Une « banque de travail » est imaginée pour lisser les pics (sur le modèle d’un magasin bio à Rennes). Les pro- ducteurs n’ayant pas tous leur pic au même moment, ils peuvent compenser leur absence en versant une indemnité (5€/h) à la « banque ». Cette somme sera reversée au producteur qui a assuré l’intérim.
- Un poste de salariée en contrat d’accompagnement à l’emploi - CAE (Julia) a été dégagé pour assurer la coordination entre les producteurs et les clients, la communication et l’animation...
- Une charte des producteurs affirme l’option de l’agriculture paysanne. Les producteurs s’engagent à aligner leurs prix de vente (redevance comprise) sur les prix du marché local. Bastien explique qu’un système d’autocontrôle devra être mis en place pour éviter quelques écarts avec la règle (prix, origine des produits...).
- Parfois, des tensions rendent la communication difficile entre producteurs. Un membre de l’asso des consommateurs vient aux réunions des producteurs et sert de médiateur.
- L’épicerie propose uniquement des produits frais. Pour les produits secs, un GASE (Groupe- ment d’achat avec service épicerie) est en train de se développer. L’épicerie de Goasven sert de dépôt.
- Dans les premiers temps, Goasven a été pris d’assaut par les visiteurs, les curieux (c’est le site d’une ancienne boite de nuit renommée !)... Il y avait trop de clients ! Ils ont dû limiter la communication. Maintenant le rythme se régule.
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Goasven dispose d’une « licence privée » pour le débit de boisson. Tous les consommateurs doivent donc adhérer à l’asso des consom’acteurs (5 € pour l’année ou 2 € pour les « adhérents de passage » !)
- Le lieu (aussi bien l’épicerie que le café associatif) ne fonctionne que si les adhérents (producteurs et consommateurs) s’y engagent. Cette assiduité est exigeante. Et les Framadate ne suffisent pas toujours...
Les autres projets
Bourse de bricolage (un magasin M. Bricolage à côté !), four à pain, cidre...
Un atelier itinérant
Un four à pain en terre est construit sous le hangar
"Akil'Tour" atelier de réparation de vélos
Bilan
Le positif : au-delà des inévitables difficultés à traverser, des solutions à inventer, Bastien considère que le fait d’être propriétaire d’un lieu collectif catalyse les énergies, libère des dépendances aux subventions, aux collectivités locales... C’est un repère, un point fixe qui permet d’envisager plein d’autres projets.
Les limites : être propriétaire est lourd d’un point de vue de l’entretien des bâtiments. Cette réalité doit être intégrée dans les perspectives d’avenir. Et les producteurs doivent bien sûr réussir à dégager des recettes...
https://www.e-ker.org/actualites-et-actions-passees-2015/155-visite-de-l-epicerie-cafe-de-goasven#sigProId1f37e87766